11 années d'instruction en famille et une pratique qui évolue
Nous avons commencé l’instruction en famille par les apprentissages précoces, alors que je cherchais ce que je pouvais faire de plus avec mon garçon de trois ans et demi qui finalement allait rester à la maison. Durant une année il était allé dans un jardin d’éveil régulièrement, et dorénavant il allait se trouver avec sa maman et ses deux frères de 6 mois. J’ai cherché des idées auprès de mes amies éducatrices de jeunes enfants dans un jardin d’éveil Montessori à Paris (Le trempoline, la structure existe toujours) et elles m’ont donnée pleins d’idées d’activités possibles avec un bout de chou de cet âge. La lecture du livre «croire en son enfant » m’a aussi permis de savoir comment m’y prendre.
Donc pendant ces tendres années, nous avons joué, car il ne s’agissait pas de travailler ou de faire l’école, mais de faire des jeux. Jouer classiquement, comme les enfants savent si bien le faire. Mais aussi faire des jeux de sociétés, des jeux avec des étiquettes (Doman) pour apprendre à lire, des jeux avec les réglettes Cuisenaires pour démarrer l’apprentissage des mathématiques, chanter une chanson historique sans fin pour avoir une notion de l’Histoire…
Et puis bien sûr, nous sortions, nous nous promenions, découvrions la vie au jour le jour.
Les apprentissages se sont beaucoup formalisés, sans que nous y prenions garde, lorsque la menace des contrôles s’est faite plus pressante. Le premier a eu lieu quand Bugale 1er était du niveau CM1, ses frères avaient l’âge d’être en CE1. La peur a beaucoup joué : peur que les enfants n’aient pas le niveau, angoisse de se rendre compte que certaines choses n’avaient pas été acquises, et crainte que l’on nous somme de les mettre à l’école. Nous suivions le programme en français et en maths sans être trop à cheval ou aller dans les détails, j’avais juste un œil dessus pour que les enfants gardent à peu près le niveau qui peut être exigé pour leur âge. C’était facile, les exigeances n’étant pas énormes et les apprentissages précoces des maths et de la lecture avait donné de l’avance aux enfants.
Néanmoins, lorsque Bugale 1er a eu l’âge du collège, j’ai commencé à sentir comme un malaise. J’ai senti que nous avions dévié et perdu de notre qualité de vie à vouloir satisfaire aux exigences des contrôles, et que nous finissions par en oublier l’âme de notre instruction en famille, notre liberté. C’est à ce moment que j’ai rencontré d’autres familles ayant des enfants pré-ado par le biais d’une association (CISE). Les partages ont été très riches et j’ai pu réorienter notre pratique vers quelque chose de plus souple et plus en accord avec notre sensibilité. Nous avons conservé un emploi du temps, qui au fur et à mesure s’allège alors que nous aurions pu penser qu’il s’alourdirait. Il me permet de garder un cadre, même si j’y mets beaucoup de souplesse. Sans cela, je cède vite à la panique et à l’impression de ne rien faire. Nous ne travaillons qu’avec très peu de manuels scolaires, et organisons les apprentissages autour de thèmes de prédilection préparant divers projets (tableaux d’exposition, journaux, création de jeux de société…). Les derniers outils de « travail » mis en place sont les blogs, qui deviennent un bon prétexte à l’expression écrite. Lors de nos séjours très fréquents à Paris, nous passons une bonne partie de nos journées dans les musées ce qui constitue une bonne base de départ à nos recherches. Ce qui rencontre le plus de succès et semble le plus formateur c’est quand même nos discussions à bâtons rompus à table, dans le métro, en voiture, ou à tout moment de la journée.
Cette année sera particulière car depuis quelques jours, Bugale 1er est entré en phase de préparation du Diplôme National du Brevet, c’est du sérieux : découpage du programme en tranche, emploi du temps adapté. Reste 5 mois pour se mettre au point, surtout en Maths qui avaient été un peu délaissées depuis une bonne année. Il travaille donc 4 heures tous les matins, 4 jours par semaine, avec un programme obligatoire à terminer chaque semaine sous peine d’y revenir le samedi ou dimanche. La dernière journée est gardée libre pour le travail sur un journal avec des amies d’une autre famille. Il n’y aura pas de vacances de février et de pâques, il s’est mis trop tard à travailler sérieusement. Espérons qu’il va réussir à garder le rythme et que la motivation ne va pas s’émousser face à cette organisation beaucoup plus rigide que d’habitude.
Ecrit avec bien du retard pour la Farandole sans école (pardon Phoebe)